Progression du stress technologique et de l’overdose numérique

bouton-jaune-logoLe sujet du stress technologique ne me surprend pas du tout. Quand j’en ai parlé vers 2006 dans la rédaction de ZDNet, je me souviens ne pas avoir  eu de suite un très gros succès 😉 Mais j’ai quand même consacré plusieurs articles au sujet, qui mérite toute notre attention. N’a t-il pas désormais une note Wikipedia à part entière, et même des sondages sur ce thème ?

Car notre environnement informatique, internet et digital a bien évolué : il s’est étoffé, et nous rend désormais intimement lié à tout un corpus technologique qu’il faut savoir gérer. A défaut de quoi, on risque d’être vite dépassé, secoué et finalement broyé par La Matrice.

Voici quelques étapes (ce n’est pas exhaustif) de l’évolution que j’ai perçue sur ces 10 dernières années.

1/ tout est parti de l’overdose mail : c’était le constat que me faisait un expert de la Cegos en 2007 pour ZDNet. Le rouleau compresseur des mails qu’on a plus le temps de lire et qui s’accumule, a créé l’une des premières lignes de fracture dans notre vie numérique. Un puissant sentiment de culpabilité, assorti d’un laisser-aller contraint.

2/ aggravation par la « commu-connectivité » : c’est à dire le double phénomène de pouvoir être contacté par de multiples canaux et appareils de communication en parallèle, et devoir aussi gérer plusieurs devices connectables et dont l’énergie est déjà une problématique. Ce que j’ai nommé le stress 2.0.

header presse journaux3/ la connexion mobile envahissante : qu’il semble loin, mon cadre à ordinateur noté pour Libération, quand aujourd’hui nous sommes tous des membres du petit peuple des « têtes baissées », qui marchent, bougent, montent dans le bus et parfois conduisent avec au bout des doigts et sous le nez l’écran de leur smartphone. Nos relations sociales en ont été profondément modifiées, en très peu de temps.

4/ le lieu de travail mutant : c’est notamment la dictature de l’open-space au bureau, traditionnellement décrit comme facteur de promiscuité et de nuisances sonores, même si le port du casque en est un correctif, mais pas que… L’élargissement du travail nomade et du télé-travail renforcent bizarrement un sentiment d’insécurité face à un contexte mouvant en permanence, et qu’il faut apprivoiser. Tout le monde ne le peut pas.

5/ le numérique qui inquiète : ce stress vient selon moi aussi de ce que le numérique a été auparavant trop assimilé à une « chose » uniquement positive et profitable à l’humanité. Or ce n’est pas le cas, la technologie peut nuire, faire mal et détruire. Les experts et les pouvoirs publics ne l’admettent pas aisément, mais nos yeux de citoyens s’ouvrent peu à peu sur cette dimension.

captu livre birenbaum6/ le burn-out socio-connecté : le cas a été repéré déjà pour le burn-out journalistique (et notamment dans sa dimension technologique), et le blogueur et influenceur Guy Birenbaum en parle dernièrement dans un bon bouquin qui décrit une partie de sa dépression post 50 ans. Elle est liée donc à la sur-consommation des réseaux sociaux et de l’info temps réelle qu’ils véhiculent. Une « infobésité » frénétique qui épuise.

7/ le rejet stressé et… finalement stressant : du coup, certains envisagent des solutions de coupure temporaire et expérimentale (comme la Digital Detox de Pierre-Olivier Labbé), là ou d’autres s’affichent anti-techno et fiers de l’être. Problème : ces postures amènent plus de problèmes, à gérer dans le collectif sociétal, que de véritables solutions. Comment placer le curseur au bon endroit ?

Ce sont des points pratiques que je développe plutôt sur le blog de l’agence LeWebLab, mais je reste convaincu que la trilogie pour affronter cette situation et la dépasser est assez simple : nommer le problème, définir une méthodologie, et s’en tenir à une discipline. Une base de travail certes, qui n’enlèvera jamais l’importance de l’initiative individuelle et du bon sens. Comme me disait un jour un DRH, « il faut écouter quand le corps parlent ». Et qu’il dit stop.

Une réflexion sur “Progression du stress technologique et de l’overdose numérique

  1. Bonjour, je salue cet article si synthétique et si pertinent !

    Je cherche des études chiffrées sur la progression du stress. Auriez-vous un lien à me suggérer ?

    Bonne continuation,

    JMD

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