Les anti-technos, un phénomène si récent ?

visu anti technoLa dernière une du magazine Usbek & Rica (qui lance une nouvelle formule au passage) semble le découvrir en 2015. Bigre, il y aurait donc des gens qui refusent la technologie et le numérique ! Mais ce phénomène n’est pas tout neuf, et pour ma part je l’avais tôt repéré au fil de mes années de journalisme technologique et/puis de blog et puis de vie en réseaux.

Je le constate aussi depuis un bon moment au cours de mes missions de consultant, sur le terrain, au coeur même des entreprises et des cerveaux. Voici donc quelques profils croisés, anonymisés ici pour certains, mais qui permettront de comprendre toute l’étendue du problème sociétal :

1/ le génération Y anti réseaux : ça semble à première vue un paradoxe impossible, mais pas tant que ça. Auprès de certains bobos dans la trentaine adeptes du bio et de l’éthique, il fait bon railler les réseaux sociaux, vus comme des joujoux de l’impérialisme américain pour générations X hyper connectés et bien trop gamins. « Pff, j’ai pas de temps à perdre avec ça », est leur phrase de ralliement, ponctuant un refus total d’utilisation. Danger cependant en contexte professionnel, quand ces mêmes GenY sont perçus comme naturellement digital natives et solides pour diffuser la culture numérique. Voie de garage.

2/ le salarié sans mail perso : croisé en formation en 2009, c’était en fait un journaliste (30 ans de boîte, victime d’un plan social) qui n’avait jamais trouvé bon d’ouvrir… un email perso ! « Ben j’avais celui de mon journal, ça suffisait » m’a t-il répondu, non sans avoir au préalable essayé de rentrer un mail (qu’il n’avait pas donc) dans la barre de navigation pour l’url… Je précise que le bonhomme s’était inscrit à une formation « rédiger pour le web » que je délivrais alors à tout un groupe. Et que ça n’a donc pas été une sinécure…

3/ le patron qui se fait imprimer ses mails : figure récurrente croisée tant à Paris qu’en régions, c’est celui qui fait taper ses mails par un secrétariat, ou qui se les fait imprimer et trier dans des chemises de couleur, pour avoir lui le temps de « prendre des décisions ». En général, c’est un genre de patrons qui a du mal avec le smartphone, ou s’il en possède un, qui ne sait pas qu’on peut avoir ses mails dessus et les gérer directement. Déstabilisant, car il tire vers le bas ses équipes et leur fait perdre un temps fou en communication directe et personnelle…

4/ le patron sans ordinateur sur son bureau : une récente photo de François Hollande publiée dans la presse magazine, avait frappé par l’absence sur son bureau élyséen du moindre ordinateur, ou tablette… Ceci faisant écho à une célèbre phrase de Nicolas Sarkozy prononcée en 2006 à Loïc Le Meur, lui précisant que les décisions se prennent surtout avec un téléphone (en l’espèce ministériel, rempli d’une bardée de boutons), et pas un ordinateur. Ceci expliquant cela.

macron photo5/ le jeune ministre sans réseaux sociaux : c’est le cas d’Emmanuel Macron lors de son arrivée à Bercy, qui ne possédait visiblement aucune présence antérieure sur les réseaux sociaux. Il s’est rattrapé depuis, mais chez un trentenaire de son parcours, c’est un signe intéressant qui pourrait se reformuler ainsi : le vrai pouvoir (celui de la finance et de l’économie), ça ne passe par les réseaux sociaux sur le web, les posts et les tweets… Ce ne sont pas les codes. A vérifier sur le long terme, et avec le renouvellement des classes dirigeantes.

Et vous, vous en avez croisé des anti-technos de cet acabit ? Vos anecdotes sont attendues avec grand plaisir, en commentaires de cette note !

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