Je reprends la formule guerrière célèbre prêtée à Staline envers Churchill, au sujet du boss des Chrétiens, lors de la rencontre de Yalta en 1945 : « Le Pape, combien de divisions ?« . On peut l’adapter à la situation sanitaire mondiale actuelle. Car autant on est habitué au cortège de chiffres quotidiens sur le Covid, mais comme toujours, on a peu de visibilité ou de réflexe journalistique pour observer la métrique, l’évolution des chiffres et ce que cela nous apprend. Vieux réflexe d’étudiant en histoire que de dézoomer, prendre un peu de hauteur sur la frise temporelle et noter les faits. Rien que les faits. Car notre Nation compte beaucoup de scientifiques actuellement (lol) qui disent tout et n’importe quoi. Il ne faut pas sous-estimer ce travail de sape intellectuelle qui fait l’air du temps et qui est à sa manière un révisionnisme. Il ne faut pas non plus paniquer ni s’énerver face à cela. Juste réagir.

Notamment quand les « anti-tout » de tout poil vont jusqu’à dire que « ce virus n’existe », en molestant un député, comme hier à Saint-Pierre-et-Miquelon… C’est un comble observé fréquemment dans ce mouvement : refuser le vaccin, suspecter la véracité de la maladie et ne respecter aucune mesures de distanciation en collectivité. Pire : on a même eu dernièrement les faux pass sanitaires et même avant cela les attestations bidons produites par des médecins peu scrupuleux. On le voit les modes de « résistance citoyenne » comme elle se nomme sont variés et problématiques : car comment gérer l’urgence quand il faut avant tout parlementer, ferrailler et tenter de convaincre des publics de toute façon totalement braqués.
Un virus qui n’existe pas ? Premier constat, sur les morts/décès dans le monde : nous avons atteint le pic maximal de morts/jour le 18 janvier 2021 avec 18062 décès. En comparaison, presque un plus tard, nous en sommes à 3846 décès. Soit une baisse de près de 80%. Mais ce sont les chiffres quotidiens, et en stock de morts cumulés, c’est un peu plus inquiétant : 5.318.216 décès à date du 16 décembre dernier. A comparer au 470.000 morts annuels en moyenne causées par la grippe… le Covid en aurait produit donc près de 11 fois plus. Dès 2020, le patron de l’OMS indiquait cette mortalité du Covid 10 fois supérieure à la grippe saisonnière, ce qui fait froid dans le dos et calme d’emblée l’argumentaire de base des antivaxs. Non le Covid n’est pas une maladie imaginaire, oui il tue bien et massivement même si son rythme de mortalité est diffus.

En France seule, nous aurions atteint le pic de décès le 15 avril 2020, avec 1436 morts/jour. Nous en sommes aujourd’hui (9 janvier) à 90, soit une baisse de plus de 90%. Mais en stock de morts cumulés, là aussi, c’est plus inquiétant : 124809 morts au 5 janvier 2022, sur une durée de pandémie de bientôt 2 ans. La grippe en comparaison ne fait elle « que » 11250 morts en moyenne par an, ces dernières années. On voit que les chiffres du Covid sont bien au-dessus. Non, le Covid n’est pas une grippette de plus, ni un super rhume à soigner tranquilou bilou, mais bien une pathologie sévère.
Derniers chiffres moins « humain » mais tout aussi significatifs : les pertes financières liées au Covid. Dans le monde elles seraient de l’ordre des 10.000 milliards de dollars sur le PIB terrien. Très très loin au-dessus des pertes cumulées des… deux guerres mondiales du 20ème siècle. pourtant elles aussi très destructrices en vivants et en matériels. Restera tout de même à mesurer plus finement, une fois le recul de l’histoire fait, quelles sont les pertes venant seules directement de cette maladie, et pas du contexte de crise économique mondiale qui la précédait. Tout n’est pas dans tout, et le Covid ne doit pas servir non plus d’excuse facile.
Et si l’on devait passer par le « test des VIP », alors là c’est encore plus anxiogène et parlant. Pas de privilégiés avec le Covid, tout le monde est frappé, dans tous les milieux, toutes les activités. Côté français seul on dénombre dans leur ordre de départ par la Grande Faucheuse : Manu Dibango, M-T de Bourbon Parme, Patrick Devedjian, Maurice Bidermann, Pape Diouf, Christophe, Philippe Nahon, Claude Goasgen, Kenzo, JL Servan-Schreiber, etc, etc. jusqu’aux frères Bogdanov il y a peu. Dans ce dernier cas, deux non vaccinés pourtant « scientistes » dans leur approche et leur propos, mais fauchés à quelques jours d’intervalle l’un de l’autre.

Si l’on se posait à la rentrée 2021 la question de la fin de l’épidémie, celle-ci semble désormais reculer et cette dernière s’inscrire sur le temps long. A relire les 4 scénarios de fin de crise envisagés par la BBC, on voit bien que l’éradication complète du virus reste très hypothétique. Une course est engagée entre la stabilisation des vaccins et les mutations du virus qu’ils combattent. Qui gagnera ? Et entre temps notre corps ce sera t-il adapté au Covid pour le dominer seul ? Aurons-nous aussi inventé un médicament capable de le soigner outre la vaccination ? Beaucoup de questions encore.
Mais une chose reste sûre : mesurons, comparons, informons nous, expliquons nous les choses avec ouverture d’esprit et refus de l’obscurantisme. C’est ainsi que nous nous sommes toujours distingués du monde animal dans notre Histoire, et pas toujours pour le pire heureusement.