Les consoles de jeu vidéo rendent con : la preuve

Capture d’écran 2013-05-27 à 23.45.06La vie est ainsi parfois faite de moments, vous donnant la possibilité de saisir une vérité. Pas toute la vérité, mais « une » petite partie de vérité, qui sert à avancer ou éclairer son propre passé. Cela m’est arrivé ces derniers jours à propos des consoles de jeu vidéo.

Jusqu’ici j’en avais avec ma femme équipé très légèrement les effectifs juvéniles de la famille : mes fils en ont, mais nous contrôlons, et n’achetons pas une ribambelle de jeux, en tout cas rien de violent et de crétin. Les jeux « + de 16 ans » à base de baston et de guerre sont interdits à la maison, alors que je sais que bon nombre de parents passent outre. Mais il y a eu un avant et un après…

Concours robotique

Digression d’abord. Quelques semaines plus tôt encore, mon aîné a participé (grâce à son instituteur, hommage lui soit fait ici) au concours Artec, organisé à La Ferté-Bernard (72). Une compétition de création et pilotage (sous contraintes) de robots. Des petits robots tout carré ou en forme de bidon, qui doivent attraper des verres et les amener d’un point A à un point B. Au début, on a suivi ça de loin, et puis le grand garçon est allé faire la compét’ pour de bon et il a fini… premier et même fait gagner son école ! Son instit’ lui est reconnaissant, les copains sont admiratifs. Bref mon grand s’est trouvé un créneau et une manière d’exister dans le collectif. Le week-end suivant nous allions avec lui, en famille, visiter le niveau supérieur du concours, celui dédié aux écoles d’ingénieurs.

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J’ai vu mon fils (10 ans) discuter technique et matos avec des gars et des filles de 20/25 ans, sans hésitation aucune, pour savoir quel moteur est le mieux adapté à tel ou tel robot, quelle commande inversée permet de tourner ou pas, quel fil électrique il faut, etc. Fierté du papa (et de la maman) de voir ainsi son enfant s’éveiller à un sujet d’intérêt réel et rentrer dedans à fond, pronostiquer même sur l’avenir. « Plus tard, je construirai des robots ! ».

Du coup, il nous a parlé (voire saoûlé, j’avoue) depuis lors avec ce sujet d’Artec et des robots. Il a fait des tests avec des planches de bois, des vis et des bouts de ficelle… pour commencer à monter « son » propre robot. Il fallait tout lui procurer, de suite : moteurs, outils, ordinateur, atelier, etc. J’ai commencé à lui aménager un petit atelier dans la cabane (au fond du jardin) et à le doter d’outils de précision tirés de ma propre trousse de bricoleur du dimanche. On a regardé ensemble des sites internet de commande de pièces détachées de robotique et de modélisme. Je me suis vu même aller à Leroy Merlin tenter de dénicher des pièces et outils idoines pour cette discipline.

Concurrence déloyale

Et puis il y eut « l’autre » évènement, le retour à la réalité triviale, à l’époque consommatrice. La semaine dernière nous étions en Bretagne pour voir la famille de ma femme et avons récupéré des jeux d’une personne changeant de console et ne gardant pas les siens. Une pléthore de jeux faisant passer mes fils de la situation de pénurie à celle de profusion. Bonjour science-fiction, sports, aventures, couleurs et bruits incessants ! La console a d’un coup concentré l’intérêt de mes deux boys et les regards dans la maisonnée.

Console Wii en action.

Du coup, j’ai pu établir quelques constats sommaires, sans grande prétention je l’admets :

    1. depuis qu’il a sa console pleine de jeux, mon aîné ne me parle plus du tout de robots;
    2. depuis lors, il ne pense qu’à Star Wars, au bowling et à la boxe dans Wii Sports;
    3. depuis lors il est assez énervé, remonté sur 220v tout le temps, alors que la fabrication de robots avait tendance à le concentrer, à le galvaniser, à le rassembler.

Je reboucle ces constats sur un reportage vu ce week-end sur TF1 à propos des enfants surdoués du cours Michelet à Nice. C’était un reportage de 7 à 8, « L’école des surdoués« . L’un de ses enfants (12 ans au physique pour 16 au mental, Q.I près des 140…) a connu l’ultime déphasage : son père avoue face caméra que comme il est brillant, doué, le nez dans ses livres… il n’a jamais pris le temps de faire du foot ni de jouer aux consoles vidéos. Il manque de ces repères pour communiquer avec les gamins de son âge. Le père semblait dépité devant un fils qui s’exprime déjà mieux que lui et a réponse à tout…

De mon expérience et de ce reportage, je ne sais quelle conclusion définitive tirer. Mon fils n’est pas surdoué (grand bien lui fasse, qu’il profite de son enfance) mais j’ai senti un vrai déclic avec ce sujet de la robotique. J’ai senti que je devais appuyer, enrichir cela si jamais une vocation ou en tout cas un plaisir pouvait lui démarrer ainsi. Un peu dans la logique voisine de ces conseils récents des boss de la high-tech ayant poussé l’idée d’apprendre à coder aux enfants. Pas de conclusion donc, si ce n’est celle de contrôler encore davantage jeux vidéos, jeux en ligne, bref consommations passives et passagères qui ruinent l’imaginaire et la créativité. La vraie, celle qui fait qu’à un moment, un gamin, une gamine, ont envie de se saisir d’outils (quels qu’ils soient) pour fabriquer un « bidule » qui ne leur est pas livré prêt à consommer.

Avez-vous eu des expériences similaires sur ce terrain ? Et quelle attitude avez-vous adoptée, en tant que parent ?

Pour prolonger : beaucoup de sources et articles abordent cette question de l’influence des jeux vidéos sur les enfants. Néfastes à leur apprentissage, ils sont aussi vus comme pouvant entamer leur sens moral

4 réflexions sur “Les consoles de jeu vidéo rendent con : la preuve

  1. Il est dramatique de voir son enfant se détourner d’une passion au profit d’une autre, en particulier quand la première trouvait grâce aux yeux des parents. Mais les jeux vidéo ne sont en aucun cas imputables de ce « drame » qui se déroule dans votre foyer, et ils rendent encore moins les gens cons.

    Vous avez simplement assisté à la grande versatilité des enfants, cette longue période de notre envie (jusqu’à 20 ou 25 ans) ou rien n’est figé, que ce soit leurs rêves, leurs aspirations ou leurs souhaits pour l’avenir. Je ne compte pas le nombre de fois où, dans ma propre vie, je suis passé d’une passion/mode à une autre, y compris encore récemment. Au pire cela démontre d’un manque d’attention de l’enfant sur son environnement, au pire d’un côté touche-à-tout et d’une démonstration qu’il se cherche.

    A-t-il abandonné définitivement la robotique ? Impossible à dire, seuls lui et le temps répondront à cette question.

    Quant au supposé impact des jeux vidéo sur cet éloignement de sa passion précédente, peut-être devriez-vous questionner, si ce n’est déjà fait, votre propre regard et comportement face à eux. Sauf erreur, personne ne vous a obligé à accepter la profusion de jeux laissée par ce membre de votre belle-famille.

    Et qu’en est-il de la consommation de votre enfant ? Le limitez-vous à une période de temps donné, comme une demie-heure par jour par exemple ? Vous êtes-vous penché sur les jeux auxquels il joue pour y trouver des sujets de discussion ? Vous y êtes-vous essayé en sa compagnie ?

    Si les jeux vidéo rendaient cons, alors j’ai un paquet d’amis qui le seraient, or pour la plupart ont un niveau de réflexion, d’introspection et de passion qui supplante bon nombre de nos concitoyens.
    Si les jeux vidéo rendaient cons, moi qui en pratique encore aujourd’hui parfois plus que de raison (et encore, c’est relatif à mon âge), je ne serai pas sur les bancs de l’université et sur le point d’entrer dans la vie active plusieurs années après le lycée.

    Non monsieur, les jeux vidéo ne rendent pas cons, et votre enfant l’est encore moins !

  2. Bah oui, les enfants jouent tant mieux pour eux d’ailleurs, c’est signe qu’ils sont en bonne santé. Ce qui ne veut pas dire que l’expérience robotique soit oubliée et inutile pour autant. Visiblement il a 15 ans d’avance s’il peut discuter avec des gens de 25 ans. peut être qu’il peut souffler un peu du coup ! 🙂

  3. Malheureusement ce constat est exact : les jeux vidéos rendent cons est pour une raison extrêmement simple : ce sont des drogues dures; comme toutes les drogues ils altèrent les fonctions cognitives et isolent le sujet qui les consomment de son entourage, d’où un comportement qui n’est pas s’en rappeler parfois celui d’autistes (et pas « Asperger ») …

    Vous avez raison de vous inquiéter pour votre progéniture car elle est en train de consommer … se désintéresse de ce qui suscitait jadis un intérêt , c’est généralement ce qui arrive aux personnes qui se droguent.

    Je sais que ce qui précède peut paraitre extrême et pourtant … regardez ce qui se produit aux portes de certains magasins qui vendent la nouvelle version d’une console de jeux, observez la frénésie avec laquelle les joueurs massés devant un magasin (depuis des heures) encore fermé se précipitent et se jettent sur LA (l’une des) console lorsque les grilles finissent par s’ouvrir. Si ça n’est pas un comportement de junkies je veux bien qu’on les coupent …

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