Primaire à droite : guerre des contenus et réseaux sociaux ?

C’est LE phénomène de « compol » (communication politique) de ce début 2016. A un peu plus d’un an de la prochaine échéance présidentielle, le camps de la droite se lance dans la bataille de la prose à travers ses principaux généraux. Fillon a tôt ouvert le bal en septembre dernier, quand Copé a suivi le 20 janvier, et Sarkozy fermé le ban (temporaire) le 25 janvier. Juppé lui, a choisi une stratégie distincte et plus étoffée, avec non pas un mais deux « livres programmes« …

sarko bookCe qui frappe, c’est ce choix littéraire et imprimé fait en premier lieu, pour inspirer… un renouveau politique et toucher mieux les Français (!) Ces candidats parlent-ils en sus de lancement de sites internet, blogs, forums ou réseaux sociaux ? Que nenni. Ils usent tous d’outils dont ils étaient déjà équipés préalablement. Rien de nouveau sous le soleil média et web donc. Rien, sauf -rendons lui grâce- la web radio lancée par N. Sarkozy début février sur SoundCloud, pour renouer avec le public. Notons qu’elle est classée dans l’article du Figaro en rubrique… « insolite » ! C’est dire la bonne réceptivité de la chose… Libération pointe lui le fait que pas plus de 300 (400 désormais) personnes suivent ce compte, qui ne suit personne, et qui n’est en fait qu’une sorte de « super répondeur digital ».

Et si l’axe de débat est celui d’un désamour qu’affronterait actuellement l’ex président Sarkozy, la guerre des actions et symboles est bien ouverte. Côté chiffres « Sarko » jouit de sa position de best-seller officialisée depuis le 2 février, et a adroitement transformé la sortie de son ouvrage en « événement » littéraire. Par analogie, il est en train de « chauffer la salle » ou plus prosaïquement de faire la tournée des popotes. Là-aussi, rien de nouveau à l’ouest : sauf qu’au 19ème siècle chez les Yankees, on faisait ça à l’arrière d’un train, de gare en gare…

Pour autant, un désamour, ça se mesure surtout en temps réel. On a les sondages déjà, pas très favorables à Sarkozy de suite, et à la faveur de Juppé. Mais il y a aussi les réseaux sociaux désormais qui, malgré les méthodes de coquins pour les gonfler artificiellement, donnent un signal. Que se passe t-il pour chacun d’eux ?

Sur Twitter et Facebook

fillon twitterIci Sarko part largement vainqueur, mais a eu une bonne longueur d’avance en ayant fait vivre son compte en tant que Président de la République, sous une précédente mandature. Sans cet attrait et ce volume, Twitter n’est pas sa tasse de thé. Avec près de 1,20 millions de followers, il est suivi par Juppé (323K), puis Fillon (279K), Copé (227K) et enfin Le Maire (162K). Mais ici, c’est Fillon qui en est le plus grand usager, avec plus de 10.000 tweets à son compteur, bien que Copé y soit pourtant le plus ancien inscrit historique (en 2010). [Maj 3/3/16] la « chef des internets » de B. Le Maire, Kéliane Martenon, me précise via Twitter que son patron « est le seul des candidats à tweeter à 100% lui-même sur son compte Twitter ». Pas simple à vérifier cela dit : on a pas encore inventé le compteur de propriété des tweets ! Ou mieux : le « certified I-dot-it-by-myself account ».

Sur Facebook, même pole position de Sarkozy, avec pas loin d’1 million de fans (il lui en manque moins de 50K pour empocher la mise) sachant que c’est son réseau chouchou : il y a annoncé sa candidature en 2012, et celle à la présidence de l’UMP en 2014. La concurrence est loin derrière, mais l’écart y est plus serré : entre un Juppé (125K fans) et un Fillon (108K) puis après, on trouve les candidats une marche en-dessous comme Le Maire à 91,8K et Copé à 51,8K.

Au bilan, hors poids de Sarko, le match semble se jouer entre Juppé et Fillon pour déterminer le vrai challenger. Ils sont tous deux des personnes qui écrivent elles-mêmes leurs contenus web et co-animent leur réseaux sociaux. Une forme d’honnêteté ou tout du moins de cohérence et d’esprit pratique. Mais Le Maire -plus jeune- veille derrière et pourrait surprendre sur les 10 derniers mètres du sprint…

Sur Instagram et Youtube

Au-delà de ces positions « textuelles », les autres formats médias intéressent aussi les battants. La photo déjà. Sarkozy est bien présent sur Instagram (avec 52,5K abonnés mais peu de publications), 10 étages au-dessus de ses suiveurs… Ainsi de Juppé (7,3K), Le Maire (3,2K abonnés et le plus de publications) et enfin Fillon aussi (mais qui tombe à 1,03K abonnés). Copé n’est pas du tout présent sur ce réseau…

Enfin la vidéo mobilise plus. Sur Youtube, à part N. Sarkozy (et plus de 400 vidéos) les autres concurrents font nettement moins : B. Le Maire (57 vidéos), A. Juppé (43 vidéos), F. Fillon (moins de 10)… Ca se passe en fait aussi sur Dailymotion : et là, le maître du contenu devient… Fillon qui y est assez actif, avec plus de 700 vidéos. Suivent N. Sarkozy bien présent, mais sans plus de vidéo à jour depuis 2015… et un total de 323 publications. Le Maire et Copé sont au-dessus des 20 vidéos : clairement pas leur truc ici.

Présence web

le maire siteLa « vitrine » principale des barons de la droite est assez uniforme finalement. Tous possèdent en effet un site web, ce qui semble inévitable désormais à un candidat voulant être pris au sérieux. Le Maire ici se distingue dernièrement, dont on note dans les médias la qualité du site internet, moderne et riche dans ses contenus.

Mais deux poulains se se détachent vraiment du lot, et sont un peu plus que cela dans la démarche du web content et du web 2.0 d’origine : des blogueurs. Juppé est assez ancien dans le jeu, ayant ouvert son blog en septembre 2004; il est suivi de près à quelques encablures de Fillon, qui aurait débuté en 2006. Pas évident à trancher sur ces dates… Mais il est certain qu’ils sont tous deux les plus anciens à s’être intéressés au web du contenu, en tant qu’auteur autonome et pour y exprimer leurs idées directement, sans médiation.

Bashing, notoriété, coolitude

Bien sûr, les réseaux sociaux n’ont pas de mémoire, un buzz en effaçant un autre… Mais tout de même. Les utilisateurs se souviendront longtemps des bashings à répétition subis par Nicolas Sarkozy (un cas hors norme, qui a ses propres comptes parodiques comme @NoSarko, @sarkozy_info), et aussi de la gué-guerre Fillon-Copé à la tête de l’UMP en 2014… Les plus « vierges » sur ce terrain seraient alors Juppé et Le Maire, mais les coups vont être bas prochainement, pour les titiller et tenter de les piéger. Notamment quand ils vont sur le terrain « tech », comme Le Maire à l’école 42. Sans compter que la raillerie veille sur internet, pour plaisanter et dédramatiser un peu cette com’ parfois si lourde : on pense aux #CroisonsLes de l’ami Guillaume TC, devenus une institution.

Les #CroisonsLes : des mutations politiques, pour rigoler de la "compol"...
Les #CroisonsLes : des mutations politiques, pour rigoler de la « compol »…

Nul doute que cette élection 2017 sera donc encore plus buzzante et nourrie de nombreux nouveaux effectifs des jeunes partis, totalement à l’aise avec le fait et l’outil social media. Chaque candidat a vertu à se doter de son spin-doctor du web et du social media (j’y reviendrai dans une note spécifique). Mais cela ira aussi en frontal contre les prises de positions sociétales, comme celle récente sur le blocage de Twitter et Facebook. Ou même plus directement contre les propositions d’animation médiatique touchant la primaire, surtout quand elles émanent d’experts du sujet à droite comme Thierry Solère.

Reste à voir sortir LA vraie innovation disruptive, sur le web et le digital, de cette pré-campagne des présidentielles 2017… Sera t-elle à droite ? Wait & see.

Pour compléter : lire sur mon blog sur Le Plus « Hollande-Sarkozy, guerre de positions sur les réseaux sociaux« ; « Quand Juppé a fendu l’armure, sur DPDA et les réseaux« .

Une réflexion sur “Primaire à droite : guerre des contenus et réseaux sociaux ?

  1. Oui , ils sont tous coiffé aux poteaux avec la catastrophe El Khomri , je n ‘est jamais vu une tempête numérique pareil , on sens les politiques dépassé par l ‘ événement , la dissection seras intéressante

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