L’occasion fait le larron. Il y a un peu plus d’un mois, ma cousine Kenza me proposait de répondre aux questions de l’association à laquelle elle appartient (Aeri Orléans) dans le cadre d’entretiens professionnels orientés carrière/métier pour conseiller des étudiants en cycle de droit. L’idée était de parler de mon premier métier de journaliste : comment s’y former, y entrer, comment le devenir aujourd’hui.

Le résultat est visible en vidéo, diffusé sur leur compte Instagram, mais je vais le commenter ici ci-dessous, en revenant sur quelques points clés plus importants que les autres et en les développant davantage à partir de mon propre parcours. Puisse t-il donner des repères et de l’inspiration à celles et ceux qui en cherchent. Première partie : comment aller vers le journalisme ? comment s’y former ? comment faire ses premiers pas ?
L’école de journalisme ou les Humanismes
Evidente pour certains car vous formant de manière polyvalente, l’école de journalisme n’est pas non plus obligatoire, nécessaire. Si la proportion de journalistes cartés sortis d’école augmente ces toutes dernières années, au global ils demeurent… moins de 20% du total de la profession : chiffre assez parlant. L’école de journalisme vous apporte cependant la largeur de palette (être formé à l’écrit, l’audiovisuel, le web, la data, etc.) et un premier réseau (vos profs et copains de promo). Mais les « humanismes » (histoire/géo, droit, socio…) restent une bonne clé d’entrée pour avoir une base culturelle, quitte à en faire quelque chose après. Pour ma part, ce fut l’histoire géo après une prépa sciences-po (hypkhâgne et khâgne), au regret de ne pas avoir opté pour… le droit ou le commercial, bien plus rémunérateurs. Mais cette orientation lettrée m’a conféré aussi mon relais de passage entre études, armée et journalisme. En DEA et déjà pigiste indépendant sur Nice, je me suis spécialisé en effet sur l’histoire de la presse, mon directeur de recherche (le fin historien Ralph Schor) préparant des bouquins dessus. Et donc, pour être logique, je l’ai fait sur la presse militaire française contemporaine. En bonus, je m’étais fait recruter (et non pistonner) pour mon service militaire au Sirpa Terre au MinDef, plus précisément au mensuel « Terre Magazine », dont je découvrais il y a peu que Denis Brogniart y est aussi passé. Une bonne « école » bis alors, où se croisaient tous les futurs journalistes de demain… outre les fils à papa bien placés, il faut l’avouer.
Oser et… se faire arnaquer
Sans audace, pas de gain dans la presse. J’oserais ajouter même… « no pain, no gain« . Car en même temps, il n’y aura pas tout de suite de gains financiers directs, en espèces sonnantes et trébuchantes… Oubliez çà. Les premiers contenus que vous publierez dans les médias seront gratuits, pour amorcer votre press-book. Le mien fut un article sur Les Enfants du Rock, dans Nice-Matin, publié en « der » (un honneur) par le journaliste Marie-Pierre Paulicevich à l’été 92. Et mon tout premier salaire, pour un mois complet sans compter les horaires au Figaro Mag (bureau de Nice) se monta à… 800 francs (environ 120 euros). Pour autant, j’étais presque heureux de découvrir que je pouvais être payé pour… ce métier qui me passionnait ! Reste que dans cette situation, il y a bien sûr plein de profiteurs qui sauront vous soutirer ces contenus gratuits, vous maintenir en stages non payés, vous exploiter au-delà du raisonnable… A vous de dire stop, à un moment où votre CV commence à avoir suffisamment d’épaisseur et vous assez d’assurance.
Etre son propre labo test, repérer son dada
Pour se faire connaître, rien de tel que s’auto-publier. De mon temps, la presse étudiante (mensuel de l’Université de Nice) a été un réel tremplin et m’a permis de réaliser mes premiers reportages (dont l’un très humain sur une classe prépa pour prêtres, la propédeutique, où j’avais passé une journée entière en immersion avec le rédacteur en chef Blaise Pragassam). Il existe plein de fanzines de ce genre, dans les associations, quartiers, clubs, entreprises, etc. A vous de trouver le vôtre, selon vos goûts et allant pousser la porte. Et surtout aujourd’hui, le web est ce vaste terrain de jeu qu’on ne peut zapper. Utilisez alors les outils de publication comme sur ce blog, motorisé par WordPress : pour ma part, j’ai créé mes premiers blogs dès 2003 sur les plateformes U-blog et 20six et n’ai cessé depuis de les pratiquer. Utilisez aussi les réseaux sociaux pour prendre parole, écrire, donner à lire vos idées, ou une chaîne Youtube, SoundCloud… peu importe le support. Faites le sur vos sujets coeurs, vos passions, qui vous êtes vraiment. Ce qui nécessite recul, maturité et réflexion. Car trop d’étudiants en journalisme avancent leurs premières années en voulant simplement « faire de l’actu » ou pire, en se voyant direct journaliste au Monde, sur TF1, à Radio France. La presse n’existe pas que sur les médias ayant pignon sur rue ! Et personne de connu ne viendra vous chercher ou vous donner une noble place qui vous serait due.
Donner un signal en ligne
Cela dépasse les seuls étudiants au journalisme. Je l’ai maintes fois constaté en toutes filières et à tous niveaux d’étude. Combien de jeunes disposent de leur CV cliquable en ligne ? Combien ont ouvert dès leur formation un profil LinkedIn nourri et mis à jour ? Combien utilisent Twitter pour y réaliser leur veille informationnelle ou trouver un job ? Toutes ces pratiques sont pourtant courantes depuis au moins 10 ans et relèvent de la discipline à acquérir, de la méthode à afficher, de la « modernité » à utiliser. Il faut impérativement exister en ligne, y laisser une trace, se positionner sur le radar. Car le recruteur lui (en presse ou ailleurs) est souvent pressé et paresseux : il vous googlisera sans vergogne, et se fera une idée (préconçue) de vous, sans même en échanger avec vous, avant même tout entretien. Alors autant anticiper et déjà vous comporter comme le futur journaliste que vous serez un jour prochain. Et qui saura plus que tout cette règle de survie essentielle : toujours avoir 1 ou 2 coups d’avance, même en poste !
(à suivre prochainement partie 2 sur les débuts de journaliste, et partie 3 sur l’après journalisme)