Un monde sans Bowie

J’ai déjà pas mal écrit sur David Bowie, ici et ailleurs. Notamment sous l’angle éco-techno qui était celui de mes années de journalisme à Paris. Car là-aussi, il fut un mutant, très en avance sur son temps. J’y repensais en écoutant Pascal Obispo annoncer crânement sur le plateau de Quotidien être le premier au monde à imaginer son dispositif « all access »… C’est faux : Bowie l’avait déjà conçu et mis en place en… 1998. Comme quoi, l’adage reste vrai pour Bowie comme pour tous : une fois disparu, on oublie très vite.

(in section visuelle de davidbowie.com)

Non, ce qui me revient surtout en ce jour d’anniversaire de sa mort… ce sont nos connexions intimes, du fan à la star. Je lui dois ma première danse sur piste, lors d’une soirée familiale au tout début des années 80. C’était le mariage de mon oncle Jean-Pierre et de sa femme Françoise, chez Servella vers Nice. La chanson c’était « Let’s dance » : la partie la plus commerciale de sa carrière, mais dont on sait depuis qu’elle fut co-signée et même sauvée par l’ex Chic Nile Rodgers, par une vraie qualité d’écriture et un son qui n’a toujours pas vieilli, près de 40 ans après. Une chanson qui dispose depuis peu de sa version ukulele, sympa pour désacraliser un peu le Dieu.

La musique si rare

Musicalement, c’est aussi les quelques pièces originales qui ressortent, comme des pépites, tant les dernières années de sa vie ont été peu productives, la faute à la maladie et à son effacement voulu du devant de la scène. Nous sommes en carence de ce côté, en manque évident, en témoigne aussi ce titre du New York Times « Que ferait Bowie ?« … (comprendre aujourd’hui s’il était encore là). Il aurait alors peut-être cherché d’autres duos ou reprises régénérants, comme ce « Mother » de John Lennon et ce « Tryin’ to get to heaven » de Bob Dylan, souligne le site Consequence of Sound.

Plus récent, il y a aussi l’émouvant « Five Years » signé par Duran Duran, sur des mots d’une délicatesse rare chez leur leader Simon Le Bon, confiés à Rolling Stone : « Il est la raison pour laquelle j’ai commencé à écrire des chansons. Une partie de moi n’arrive toujours pas à croire à sa mort il y a cinq ans, mais peut-être que c’est parce qu’il y a une partie de moi où il reste toujours vivant et le sera toujours« . Chanson qui fait partie du concert virtuel hommage, « A Bowie Celebration, just for one day« , prévu pour sa date anniversaire de naissance (8 janvier). Ce n’est d’ailleurs pas la première initiative de ce type : elle fut tentée en 2018 déjà, mais uniquement sur la version « ex musiciens de Bowie ». Cette affiche était-elle insuffisamment attractive ? Toujours est-il qu’on a désormais des VIP pour alourdir le ticket.

Outre cette filiation professionnelle, il y a aussi sa descendance déjà, ses propres enfants. De ce côté, la vie nous offre un formidable réalisateur très féru de fantastique, Duncan Jones. Côté fille, on lui découvre Alexandria, à peine âgée de plus de 20 ans, qui sera sans doute tentée par la mode et le mannequinat comme sa mère Iman. Mais clairement, il n’y a pas de musicien autre dans la fratrie Bowie/Jones… comme on avait pu le voir par exemple avec Julian Lennon pour John.

Biopic attendu et inédits

Et puis il reste le projet absolu rêvé de tous les fans : celui d’un biopic au cinéma, à la hauteur de la créativité de ce géant. Après les oeuvres très réussies sur Queen et Elton John, on peut imaginer le meilleur, même si la période covidienne freine sans aucun doute les projets d’envergure. « Stardust » annoncé en octobre, sera t-il ce morceau de choix ? Il a été mal accueilli sur sa promo, n’a pas eu les droits d’usage de la musique du chanteur et son lancement compromis par la pandémie du coronavirus et des confinements… Cela fait beaucoup : d’autant que Duncan Jones a évoqué un autre projet avec Neil Gaiman. Bref, le projet clé sera sans doute pour plus tard, il faut un peu de temps pour digérer la mort d’un tel artiste et travailler sur sa mémoire avec l’audace suffisante. Au moins autant que le fit Julian Temple sur la très remarquable comédie musicale « Absolute beginners« , en 1986.

Côté images, on récolte quelques pépites « inédites » sur Youtube, au rayon du 7ème art déjà, comme ce best-of de ses apparitions ciné moins connues, ou mieux encore… ces premiers essais d’acteur dans un court métrage de 1967 ! Côté vie perso et « chutes » de fans, on trouve ce court-métrage d’une conférence de presse de Bowie en 1990 (montrant la folie entourant ses lancements), cette sortie d’hôtel à Paris en 1977, ou encore en audio cette session radio où il joue au DJ en 1979. Nul doute que les années à venir révéleront encore des pièces inconnues, venant peut-être des propres archives du chanteur, comme il l’avait initié de son vivant en 2010.

Bowie n’est plus depuis 5 ans, et on doit s’habituer à ce monde sans lui. Combler le manque coûte que coûte ? Le figer dans un musée ? L’artiste n’aurait sans doute pas voulu, même si l’expo « David Bowie is » laisserait présager une telle option et sans doute aussi de par l’envergure créative et multimédia de l’artiste. Pas plus de tombe à honorer, le secret ayant été choisi pour sa sépulture selon ses volontés et celles de sa famille…

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