[Maj 28 janvier 2021] – Et bim. C’est désormais acquis, « No time to die » a bien la poisse gluante. Un nouveau recul viendrait de l’exigence des marques ayant des placements produits dans le film dit-on ce jour, pour retourner les scènes où elles figurent, car leurs divers gadgets auraient déjà trop vieilli (15 mois de promo rappelle l’Independant)… Ballot. Et provoquant en prime un nouveau décalage dans sa date de sortie, fixée jusqu’ici à avril 2021 et qui avait rippé ces derniers jours sur octobre 2021 d’après annonce officielle. Serait-ce un simple prétexte face à une situation sanitaire fort peu résolue et même terrible… en UK ? Si certains sites évoquent du temps pour trouver un remplaçant à Craig et resserrer la sortie du prochain Bond 26, c’est surtout peut-être du temps pour mieux négocier éventuellement une sortie de Bond 25 sur… les plateformes de streaming.

[Maj 16 nov. 2020] – Nouveau recul pour sa sortie en salles confirmé. Ca commence à faire beaucoup. La production et la distribution du fameux « Bond 25 », le dernier de la saga et de Daniel Craig sous les traits de 007 aura vécu déjà plusieurs vies, plusieurs déconvenues, plusieurs échecs sans précédent. Rappelons les en détails pour ne pas se laisser bercer par les louanges du marketing et savoir l’apprécier à sa juste mesure.

Un temps étiré : le dernier Bond sorti sur les écrans (« Spectre ») date de novembre 2015, soit il y a 5 ans. Quand le premier de l’ère Craig (« Casino Royale ») était lui sorti en novembre 2006. L’amplitude Craig tient donc sur… 14 ans et 5 films ! En comparaison, Pierce Brosnan avait incarné Bond durant 7 ans et 4 films (de 1995 à 2002), Timothy Dalton durant 2 ans et 2 films (1987 à 1989), Roger Moore sur 12 ans et 7 films (de 1973 à 1985). Enfin deux cas à part avec Sean Connery qui a tenu le rôle 6 fois sur 9 ans (1962-1971), plus un come-back tardif en 1983 pour une production indépendante. Reste l’acteur à 1 film Bond, George Lazenby (1969), par choix purement personnel a t-il dit depuis. En terme de productivité, c’est donc Connery qui a été le plus efficace et Craig le plus lent.
Dernier élément d’appréciation temporel : lors de son dernier Bond, Connery avait 41 ans, Moore 58, Dalton 43, Brosnan 49 et Craig… 53 ans. Il est le second plus vieux Bond à rendre les armes.
Un acteur plus très chaud : c’est le jeu, à chaque fin de cycle, les acteurs font les divas et font monter les enchères… Pierce Brosnan avait essayé le coup de poker pour un 5ème Bond, mais avait finalement perdu sur le fil, remercié simplement sur un coup de fil ! Craig en a sans doute pris de la graine, et exprime dans la presse son usure très tôt après Spectre, dès 2015. Une forme de franchise qui a du inquiéter suffisamment les producteurs pour l’écouter. Et à la fin du tournage de « No time to die », une vidéo de soirée fuite sur les réseaux, qui sonne comme un au revoir assumé. A noter : entre « Spectre » (2015) et le dernier à venir, Craig a déjà tourné dans pas moins de 3 films et lancé un projet de série (annulé). Clairement son esprit est ailleurs.
Une réalisation mal castée : tout le monde l’a oublié depuis, mais ce devait être le tonitruant Danny Boyle (photo ci-contre) choisi pour réaliser ce Bond 25, décision prise en mai 2018, il y a plus de deux ans, sur une envie claire de secouer le format et de l’emmener sur des terres bien plus originales. Super, car c’était conforme à cette réécriture plus brutale et dure du personnage, sous le style Craig. Mais Boyle lâche l’affaire tout aussi vite, sur mésentente avec Craig (très impliqué dans la production), pour laisser la place à Cary Fukunaga en septembre 2018. Au cinéma son oeuvre n’est pas d’anthologie mais c’est en tant que réal’ de la série choc « True Detective » qu’il s’est fait repérer. Clairement, photographie et ambiance seront les éléments clés de son Bond.
Un tournage secoué : à l’origine, c’est en avril 2020 que le nouveau Bond devait sortir… Mais pour commencer, Craig se blesse sur les premières scènes tournées, en mai 2019. Ca démarre très mal en terme de scoumoune. En juin, le tournage reprend en Jamaïque, et des photos « fuitent » dans la presse britannique. Les fans commencent enfin à pouvoir souffler… car la machine est bien repartie. Mais il aura fallu plus d’un an pour le permettre et que tout se mette en place. Pour mémo, Craig n’en est pas à sa première déconvenue de ce type : « Quantum of Solace » (sa seconde apparition à l’écran) avait souffert de la grève des scénaristes à Hollywood en 2008…
Une musique de film bâclée et fuitée : traditionnel buzz de la sortie des Bond, la chanson titre du générique mobilise les vocations mélodiques… Il faut dire qu’il s’agit de laisser une marque après la très réussie chanson d’Adele sur « Skyfall », et la non moins efficace « Writing’s on the wall » de Sam Smith… deux grosses pointures de la pop internationale et des vocalises perchées. Un temps les réseaux et Youtube laissent fuiter un son en décembre 2019, sur un « No time to die » magnifique joué au piano… finalement retoqué, sans doute un simple titre de travail. Ce sera donc Billie Eilish qui s’y colle, pour une chanson au final assez terne, sans l’emphase des précédentes. On a fait du copier/coller.
Fans impatients et… monteurs : le fait d’étirer autant le lancement marketing de « No time to die » oblige la production a lâché de plus en plus d’images… Avec déjà un trailer 2 officiel, nourris de nouvelles scènes. Ce qui ne tombe pas l’oeil d’un aveugle. Plusieurs fans les collectent, remontent et fournissent un clip étendu qui montre quasiment la narration finale ou en tout cas pas très loin. Reste à espérer que le film conserve encore quelques pépites de scènes d’action ou scènes intermédiaires… pour ne pas lasser d’avance des spectateurs déjà échaudés.
Couperet du covid et panique : enfin, comme si tout ceci ne suffisait pas déjà, la pandémie du coronavirus vient stopper net la sortie du film. Prévu à l’origine en avril 2020 il a été une première fois repoussé à novembre 2020, du fait de la première phase de confinement. Mais un confinement bis se dessine dans le monde et les producteurs paniquent… Des tractations avec les plateformes de streaming officielles s’engagent, et le chiffre de 600M de dollars l’année exigés pour l’y diffuser sort dans la presse : il semble astronomique mais assez en phase à l’argent investi pour le tourner (250M de dollars, avant retard). Chiffre qui fige tout le monde, le film n’ira pas sur le web et sera finalement une nouvelle fois repoussé à mars 2021 et en salles, comme ultime bouée de sauvetage. Ce même si des fans n’ont pas hésité à… monter une cagnotte en ligne, pour racheter ces droits ! Sommes collectées à la mi novembre : 850 livres britanniques… à peine de quoi se payer une cinquantaine de places aux tarifs en vigueur dans les cinémas londoniens.
On se résume un peu : acteur usé, réalisateur mal choisi, production secouée, tournage retardé… sans oublier l’enjeu de ne pas rater ce « Bond 25 », qui va fournir un élément précieux pour le dispositif marketing de la saga (coffret, offre en ligne, etc.). Reste dés lors à miser sur le futur et le buzz. C’est peut être pour cela qu’est sorti ces derniers jours des déclarations de l’actrice Lashana Linch, qui serait l’incarnation future et féminine de l’espion 007 désormais. A voir. Il suffit de se remémorer le buzz sur Idris Elba ou encore sur Henry Cavill (qui toquait encore récemment à la porte…) pour se dire que rien n’est joué. Si les producteurs prennent leur temps comme auparavant, on ne devrait pas voir un nouveau Bond (le 26ème) avant… 2025 ! Ce même si Cary Fukunaga serait… pressenti pour prolonger son travail sur la saga, hé oui.