De cette playlist en 50 titres des charts de juillet 1980 (sur base UK, USA et Fr.), on sent émerger un son très reggae, ska, détendu, bien estival en somme, qui nous vient directement de groupes en mode « fusion » au plan culturel, comme les UB40, Police, voire même le glam des Roxy Music. La mutation est en cours, qui prendra des formes variées plus tard, quand la fabrication du son « samplisée » sera aussi plus aisée.
Proche de cet univers très britannique, la new wave et même la cold wave commencent pourtant à marquer leur nuance et leur territoire sur des sons et claviers nettement plus électroniques, froids, mécaniques, qui vont coloriser la première moitié des années 80. Ainsi de l’ambianceur OMD et, moins connu du grand public, des dépressifs de Joy Division. Mais c’est Korgis qui signe la bande son absolue de cet été, et son hit méga planétaire… hymne des amoureux mélancoliques, des fêtes de mariage inspirées et future reprise du talentueux Beck.

D’un autre versant le disco-funk influence encore grandement la soul américaine avant que le son pop-rock ne vienne le « contaminer » quelques années plus tard, via le Dieu Jackson et la production de Quincy Jones. On aime à se trémousser en 1980 sans trop se prendre au sérieux, sans sentir cette crise socio-économique dure qui arrive, et secouera les modèles occidentaux. Le meilleur son de ce genre reste sans doute pour l’été 1980 et la décennie à suivre, l’élégant et mollement trémoussant « Give me the night » de Benson, guitare et paire de rollers en option. Un pur abonné des compils, toutes tendances soul confondues.
La variétoche enfin, bien franco-française, distingue en roi et reine le couple Berger-Gall, qui impose l’air de rien ce son jazzy-cool orchestré et pianoteux, qui va marquer l’époque. Une forme de variété élaborée, bien produite, bien réalisée, presque trop si on en juge son environnement. Car la guimauve reste assez présente dans les oeuvres de Villard, Cocciante, etc. qu’il ne faut pas sous-estimer, car elles s’achètent, ont leurs fans et font les belles heures des émissions télé de mi journée façon Daniel Gilbert ou de soirée sauce Carpentier.
Les filles surtout s’imposent de façon conquérante par tous les sons possibles, essentiellement rock et branché via miss Bush, Blondie, Carnes, Jones. Quelque chose qui se situe aussi visuellement entre le langoureux aguicheur d’Olivia (juste adoubée de son succès Grease), les hanches guerrières et conquérantes de Kate et la cape androgyne et starwarsienne de Grace. Une révolution de pré-parité est en marche en fait, qui ne s’arrêtera pas. Elles carburent en tout cas bien mieux que le hard rock ou le rock tout court, encore réservés à l’underground dans ces prémisses des années 80 et peu présents dans les charts populaires. Dommage.
Epoque (trop) épurée
Cette époque est celle encore dominée par la radio pré libre mais à quelques encablures des années vidéo-clips : MTV ne naîtra officiellement qu’un an après, au début août 1981. On sent les vidéos donc plus soignées, plus écrites, avant de devenir de véritables petits films narrant une courte histoire (tel avec Genesis ou encore l’ex leader des Beatles, Paul).
Perso, en 1980, j’avais 9 ans et finissait l’école primaire Sainte Thérèse (privée, quartier Magnan à Nice). Dans notre 3 pièces de Fabron pas encore de walkman ni de chaîne stéréo. La musique me venait donc de la radio de la cuisine (trônant au-dessus du frigo), du mange disque du salon (bientôt remplacé par une platine Grunding) et du téléviseur familial (un Radiola à touches qui s’enfoncent). Peu de sources pour être ouvert au monde et nourri des sons lointains, si ce n’est les ambiances musicales saisis au hasard dans les magasins et restos, notamment lors de nos sorties du week-end à Juan-les-Pins. Tout changera un an plus tard, avec un poste radio-K7 qui rejoindra ma chambre, et où je me ferai mes premières compils perso, à la crade, à partir de diffusion radio.