Le Queen que j’ai aimé (en musiques et vidéos)

Comme beaucoup je me suis délecté du biopic « Bohemian Raphsody » qui narre l’histoire du groupe de rock Queen. Enlevé, inspiré, puissant… les adjectifs sont nombreux qu’on peut lui accoler. Pour autant, pour certains dont je suis, c’est aussi une plongée dans les années ado de notre génération. Celle des années 70/80. Une période ou Queen -tout respect pour lui mis à part- n’a été qu’un groupe parmi tant d’autres, au sein d’une industrie du disque particulièrement prolifique et endiablée.

Queen : les 4 membres du groupe, sur une scène du clip « Radio Ga Ga ». Un de ses succès les plus populaires dans les 80’s…

Mon tout premier contact à Queen n’aura pas été totalement musical, ou bien alors quelques mesures de leurs chansons perçues par inadvertance sur la radio familiale posée sur le frigo, dans la cuisine. Mais cinématographique, via la « BO » du film de science-fiction Flash Gordon. A l’époque un vrai événement de même envergure, sinon voisine, que les Star Wars et autre Hulk. Flash a certes mal vieilli depuis et ses effets spéciaux font désormais sourire le cinéphile lambda. Mais la musique de Queen reste, qui signe bien son style : ce mélange de force, mélodie, vocalisations.

Un peu plus tard, c’est une autre imagerie qui attire aussi mon oeil : le clip du single « Radio Ga Ga », et son decorum mi sf, mi concert géant qui était associé au projet tout aussi fou du Metropolis de Giorgio Moroder, en 1984. Des grands du rock y avait participé, et Queen avait signé là une musique à part : planante, prophétique, mélancolique, furieusement inscrite dans le courant new wave de ce moment.

Alors bien sûr en 1984, comme tout le monde, je suis scotché par l’audace du clip « I want to break free ». A l’époque, on (en tout cas un ado comme moi) avait pas perçu de suite toute la profondeur du message du chanteur, et la puissance de ce coming-out médiatique. Le film l’explique : c’est visiblement une adresse à sa première compagne, et un constat de leur éloignement commun, de sa volonté d’assumer sa sexualité. A l’époque, on avait vraiment effleuré que la surface des choses, c’est à dire une déconne visuelle pure, afin de choquer l’Angleterre bien pensante et de se distinguer au sein d’une industrie du clip vidéo alors à son firmament créatif. Chaque artiste y allait de sa performance personnelle, au sein d’une compétition pas si amicale que cela. Le clip n’est qu’un élément de promotion (promo video disent les Anglais), bref de propagande. Et Queen en fut l’un des maîtres dans ses années.

A nouveau le cinéma en 1986 et à nouveau dans la science-fiction : c’est dans la B.0 d’Highlander que j’entends et vibre comme beaucoup de copains au son de « Princes of the universe« . Un titre musclé, nerveux, violent presque qui a grandement contribué au succès de ce film hors norme de Russel Mulcahy. Un réalisateur à l’esthétique clipée, autre lien connexe comme par hasard, qui travaillera aussi pour Bowie, Duran Duran et autres cadors.

Je mets volontiers à part la carrière solo de Freddie Mercury. En France, on avait pas perçu clairement le pseudo divorce d’avec les trois autres membres du groupe. Et on recevait donc les vidéo clips de FM comme autant de bonus, dans un autre genre, plus pop et variété. Ici on découvrait à la fois sa vie la nuit (où il s’est consummé), et sa tentation de la facilité sur des reprises à la « The Great Pretender », dans un genre plus sirupeux qu’aura par exemple aussi exploré un autre chanteur comme David Lee Roth. Et il faut bien le dire, ce fut à la limite parfois du « lourdaud » et du kitsch, ou en tout cas de quelque chose qui n’a plus rien à voir avec le rock. Je pense notamment à sa chanson « Barcelona » en duo avec une cantatrice, qui ne tient qu’à son insistance à aller explorer les terres du lyrique et de l’emphase vocale.

Pour les autres titres de Queen qui ont marqué ma mémoire, ça s’est fait hors de la radio, de la télé… plutôt en boîtes de nuit et en soirées étudiantes. Notamment sur le très dansant « Another one bites the dust« , dont je me souviens parfaitement m’être questionné sur sa paternité, quand je m’étais trémoussé dessus la première fois sur son entêtant rythme disco-funk. Et de même ainsi pour « We are the champions » que j’ai surtout goûté comme un hymne festif, et qui depuis accompagne chacune des grandes victoires sportives et aussi, il faut l’avouer, un usage beauf dans tout bon mariage, communion, etc. qui se respecte. En cela Queen est un groupe populaire.

Enfin, dernières accroches vécues alors à la discographie de Queen : « One vision » et « I want it all » pour leur punch rock indiscutable, preuve d’un groupe qui refuse de vieillir malgré l’usure du temps, et à une époque où monte ce rock-fusion qui effacera peu à peu les frontières entre pop-rock et hard-rock. Queen en a été de ce point de vue l’un des précurseurs essentiels. Je me souviens aussi parfaitement du concert du Live Aid, qui avait été diffusé en France sur la plage horaire des « Enfants du rock » d’Antenne 2 (de mémoire) et revoit aussi très bien la fougue scénique du leader qui avait bluffé tout le monde. On était dans les années du rock business, du combat politique, du début de ce Nouveau Monde qui allait aboutir 4 ans plus tard à la chute du mur de Berlin, quelques années encore plus tard à la reconnaissance du mouvement LGBT. Queen, dans ses textes, ses vidéos, ses postures… a porté tout ceci. Subtilement, artistiquement, continuellement, fougueusement. En formant nos yeux et nos oreilles à accepter plus de mixité, d’inattendu, de folie, hors des paroisses et des étiquettes. C’est je pense, le vrai héritage que nous te devons, Freddie Mercury.

 

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