La Nouvelle Eve (et Adam)… une prédatrice digitale ?

[Maj 29/07/17 *] – Avant, cela m’arrivait dans le train. Capter des conversations spontanées, quand les langues se délient et racontent la vraie vie, sans fard ni masque. Je prends un peu moins le train depuis un an. Mais pareille aventure m’est advenue dernièrement à Paris. Pour rester discret, je dirai juste que c’était dans un bar pas loin de l’eau où plein de jeunes sont de sortie le soir. Un de ces quartiers « bobos » même si ce terme est passé de mode depuis…

Je sifflais ma bière citron tranquilou, quand les propos de mes voisins (grande table de potes) ont attiré mon oreille oisive. Tous 30 ou 40 piges, célibataires visiblement, ou en « reconstruction sentimentale ». Ca causait amours et déceptions mais aussi Tinder, Meetic, Adopte, Badoo et consorts. Tous pratiquaient et s’en plaignaient. Constat commun de leur part : les femmes y seraient-elles devenues… les pires des hommes ? J’avoue qu’ayant mon carnet de notes avec moi, ce que j’entendais était tellement croustillant et nourri en détails que j’en ai fixé des bribes pour ne pas oublier… désolé messieurs !

sites dating femme prédatriceInfluence des réseaux sociaux, des sites de dating, du zapping, de la course permanente de nos vies modernes. On semble entrer dans l’univers du « clic to love«  (pour rester poli). Et surtout du « drague & drop« , une fois la chose consommée. Romantisme et sincérité ? Ca devient annexe. Construction de couple ou au moins d’un simple parcours à deux ? On verra plus tard.

Je repense aussi il y a peu un sujet de reportage à la télé, sur une blogueuse racontant dans le menu les aléas de sa vie sentimentale et de ses rencontres en ligne. Ca défrise ! Je crois qu’il s’agissait de Tinder Surprise. Mais les hommes ne sont pas exempts de ce genre de mésaventures : morceaux choisis de ce que j’ai entendu autour de moi ce soir là, une fois quelques alcools consommés par ces messieurs, et sur quelques profils se dégageant de leurs mésaventures. Je les ai qualifiés moi-même ces profils (ce ne sont pas leurs mots), selon les descriptions entendues (nb: j’ai un peu amélioré le champs lexical qui, vue l’heure et l’alcoolémie, était bien plus débridé croyez-moi).

La sentimentalo-speed : « Le délire ! On s’est matché et elle m’a rapido dit que j’étais beau, charmant, craquant, un choc dans sa vie, qu’on allait forcément se plaire, qui sait peut-être refaire nos vies… en une soirée à peine de conversation en messagerie. Bon moi je la trouvais pas mal, mais sans plus. Pis ça a vite été du ‘darling, chéri, mon dreamlover’… Romantique à mort, entre femme-enfant et séductrice, neuneu et suggestive, me citant le rêve, les étoiles, l’absolu, me montrant direct les pages Facebook de sa famille… Que lui répondre, juste pour caler un date après ?« .

L’envahisseuse totale : « Elle m’a suggéré de suite de sortir de Meetic, d’genre elle quittait le site, elle était déçue, trop de gros lourds dessus, blabla. Elle se plaignait d’être harcelée par un type qu’elle avait bien chauffé juste avant moi. Mais de suite elle m’a mailé, sms-isé, messengé, téléphoné… elle voulait qu’on se parle de partout, tout le temps, même pendant qu’on bossait, qu’on roulait en bagnole, qu’on dormait. Non stop. Smileys d’ados au kilo. Je connaissais toute sa vie, ses planning, trajets, moments creux par coeur, comme si ça devenait ma propre vie. Elle avait besoin d’être ‘rassurée’. A la fin j’en pouvais plus… Je voulais juste rencontrer une fille sympa, pas un call center en surchauffe ! »

La cougar désespérée : « La mamie sur sa photo de profil, elle te fait direct un signe de la main d’genre on se téléphone. Et son pseudo, tu le croiras jamais c’est « appelle moi ». Elle en change parfois, pour varier un peu : « téléphone moi » ou « je t’attends vite ». Ca fait flipper, son regard avec ses sourcils froncés et sans sourire ! »

La collectionneuse sexo-compulsive : « Elle s’est vite mise à l’aise et ne me parlait que de ses ex et autres prétendants, amis et collègues, hommes comme femmes, la draguant forcément ou y pensant selon elle… Elle me faisait même lire ses réponses à eux en sms, d’genre ‘j’suis transparente avec toi’. Coincée entre son passé affectif complexe, ses fantasmes et exploits érotiques extrêmes, elle me racontait tout en mode no filter et dans le détail cru… y compris des plans à 3 plus jeune ! Elle pensait tout le temps à ‘çà’, même au supermarché, à la fin ça devenait lourd. Un vrai Youporn sur pattes… Un soir elle me sort à l’apéro, crâneuse : ‘avec une copine on a calculé le nombre de mecs qu’on s’est envoyé dans notre vie… je vais pas te le dire, tu aurais peur ! Mais cool hein, t’inquiète, je suis avec toi là ‘. Okayyyyyyyyyy…« .

La prédatrice psycho-rigide : « On a chatté très grrrrrr une semaine et elle a voulu qu’on se voit la 1ère fois à son appart… ‘j’abuse pas ?’ Erreur ! A peine arrivé, la fille -cadre, BCBG, lettrée, classe quoi- me saute dessus, chaude bouillante. Mots et ébats torrides, en tous sens. Elle aaaaaaaaadorait, moi aussi. Pis on s’est retrouvé là comme deux cons, épuisés, se connaissant à peine. On se rhabille, pour un repas qu’elle avait préparé… une vraie cérémonie. Discussion space, pis rebaise toute l’aprem jusqu’à plus soif. Mais au soir, changement de ton… ‘des trucs à faire ce w-e, bisous mon chéri, à plus’. Je la relance par sms le lendemain, bam: ‘désolé, t’es un type vraiment formidable, un homme avec un grand H, je t’ai aimé sincèrement mais je suis pas prête pour une vraie relation, je retourne dans ma grotte’. Comme une récitation. Merci m’dame, j’passe le balai, l’addition, un pourboire !« .

L’exhibo photos en mal être : « En à peine quelques messages en ligne, elle me passait des photos d’elles d’abord gentillettes, avec des filtres gamins, puis de plus en plus hot… dans son bain moussant, de ses jambes, en sous-tif dentelles, toute à poil… pleine de suggestions sur ce qu’on allait faire. C’est devenu zarb quand elle les mélangeait avec des photos de son fils, sa famille, ses amis, ses vacances passées, son bureau, ses loisirs… elle me montrait tout, même son ex mari venant chez elle ! Ca me gênait, on aurait dit qu’elle voulait m’épingler dans ses albums ou me plaquer de suite sa libido, sa vie, ses manques ! »

La « pas de bol » au kilo : « Elle était super mimi sur les photos, pas loin de chez moi, souriante, cool. Mais dans sa bio… on aurait dit un collector de déconvenues traumatisantes, énumérées sur un ton désabusé. Elle voulait pas de plan Q, de dépressif, de mec encore amoureux de leur ex, d’instable, de pas mature, de dépensier, de menteur, de manipulateur… etc, etc. A se demander sur combien de catas elle était tombée auparavant ! D’genre ta mission : recoller les morceaux et la ranimer »

La fixette sur l’ex dominant : « Elle draguait en ligne. Mais dès qu’on a été ensemble, elle ne me parlait que de son ex… Plus âgé, l’ayant beaucoup aidée, un mentor. A partir de 3 citations/jour, je lui ai glissé que ça me saoulait, mais elle a continué son obsession. Je devais même… le ‘lui faire oublier’ et surtout au pieu, quasi sanctuarisé par lui. J’ai eu droit à tout: on le croisait sur la route, ça la remuait; elle me livrait même le détail de leur intimité, pas toujours top. Un jour où je la retrouve, elle y lisait une lettre débutant par ‘Mon Amour…’. Encore l’ex, elle avait retrouvé çà sous son siège de voiture ! Sans me la cacher, elle en rajoute. ‘La plus belle lettre d’amour qu’on m’ait jamais écrite’. Ah ouais ok cool… bon on va au resto là ? Un mois plus tard, elle me larguait pour retrouver son ‘despote’… »

La mère de famille trash : « La fille me choppe en ligne un soir vachement tard. D’genre profil lunettes noires, jolie, écrivant bien… j’ai accroché de suite. Au bout de 5 minutes, elle me dit qu’elle est mariée avec un enfant, mais se fait chier avec son mari, jamais là de la semaine, qu’elle veut le quitter. Elle discute de plus en plus hot, d’genre on va se retrouver chez toi ou dans un hôtel alentour, mais vite fait, voire entre midi et deux. Elle veut qu’on parle de ce qu’on va y faire… elle me chauffe à mort, ca va loin ! Pis au moment où ça allait conclure, elle coupe net, me jette en m’insultant presque. En me disant que j’étais un gros pervers… que j’avais qu’à aller avec des filles dispos ! J’ai rien capté« .

La centrale de services : « Quand je l’ai connue, elle déménageait de son appart’… Elle faisait tourner autour d’elle un tas de mecs et amis pour lui rendre des services. Et fallait que ça percute ! Anxieuse, elle checkait son smartphone 24/24 sur çà. Elle devait gaver grave son entourage, car certains l’évitaient à la fin et ça la mettait en rogne. Je suis rentré dans la danse, voulant aider. Cartons, p’tits travaux, connexion web, état des lieux… la totale. Ca n’arrêtait jamais, je venais avec mes outils à la fin. Pis une fois tout terminé et elle à l’aise, bye mon gars ! ‘J’calcule rien moi tu sais’. Ouaip, surtout pas la facture !« .

L’agenda frénétique : « A peine en contact sur Meetic, elle me dit direct qu’elle aime pas ces sites ni discuter en chat, que c’est une perte de temps pour elle, qu’elle veut trouver vite son mec et avoir de suite un rencard pour être sûre, parce qu’elle a déjà plus de 40 ans et qu’il faut pulser. Elle m’a rien demandé du tout sur moi, pas même ce que j’aimais dans la vie ! Juste si j’étais dispo le lendemain pour la voir à mi-chemin entre nos deux adresses. J’avais un peu l’impression qu’elle prenait son agenda et me casait parmi des dizaines de rdv à la semaine…« .

La check-list vivante : « Je mesure 1m75… il lui fallait 77 minimum. J’ai les yeux bleus… elle les voulait verts gris. Je suis brun… elle aimait châtain. Je suis poilu… elle souhaitait épilé. Elle m’a même demandé de suite quelle semaine j’avais mes enfants en garde alternée, me disant ‘ah ben ça va pas être compatible avec moi’… »

La « 1 conversation & ciao » : « On s’est fav, matché, etc. pis on a parlé de suite sur le chat, longuement, d’genre sincèrement, on se raconte tout, on partage. Je lui plaisais quoi et elle aussi. On s’est tout raconté, nos envies, nos points communs, nos taffs, nos vies… vraiment top. Et puis on s’est dit ciao, fatigués et vidés, au-delà de 2h du mat’. Et après çà, plus de nouvelle, plus de relance, pas une réponse, même pas une explication. Et pourtant elle restait active sur le même site !« .

J’avoue que sur ce dernier profil, j’ai souvent causé à des amies qui m’ont avoué qu’il était… très facile pour une femme de se faire payer un verre ou un resto quasiment tous les soirs de la semaine, pour qui veut, grâce aux sites de dating ! Ca devrait être une option proposée.

Don Juanisme et excès boostés

Bien sûr, ce ne sont ici que des aperçus, puisés dans des histoires très différentes et avec le prisme de la subjectivité inter-masculine de surcroît. Mais il y a un lien. Et à aller me balader aussi sur des forums où ces histoires se libèrent, je vois qu’on touche pas loin du phénomène de société. Un autre versant de la parité en somme !

Hommes ou femmes, on peut aussi carrément tomber sur des cas extrêmes, des purs freaks conjuguant plusieurs des travers précédents. Leurs profils de sites de dating devraient être marqués au fer rouge « attention danger ! cas psycho lourd« ! Ca cache parfois des comportements voraces, pervers, hystériques ou en fait histrioniques (j’ai découvert cette pathologie il y a peu). Soit d’ordre psycho, soit amplifiés par les réseaux numériques : on fait tout pour attirer rien qu’à soi, on séduit en baratinant, on en fait des tonnes dans le verbe cru et la promesse charnelle, on coupe la personne de son réseau, on envahit son territoire émotionnel, on le consomme direct et sans fard, mais… on se lasse aussi vite pour passer à un autre !

homme femme mode d'emploiCe phénomène n’est pas que féminin. Nous sommes tous sexes, tous genres confondus, touchés par ces dérives consuméristes mutant la relation sentimentale et amoureuse peu à peu. Un Don Juanisme nouvelle vague, une nouvelle aurore des relations hommes/femmes niant France Gall et son fameux « refuse ce monde égoïste« . Une vraie guerre de tranchée rongeant au moins 95% des relations inter sexes, où pèse le poids tout massif de près de 30 ans de connexions sentimentales en ligne depuis… le Minitel rose. Miné aux sens, en roue libre, l’amoureux du 21ème siècle est satellisé à 86 pieds à la 6-4-2. Il ne serait plus qu’un vague concept, une caricature de théâtre amateur. Et je ne parle là que de la génération des trentenaires, quarantenaires… attendons la nouvelle vague des digital natives, qui a appris à draguer sur Snapchat et Instagram ! Je le vois bien sur mes ados de fils : leurs premiers contacts émotionnels avec des filles passent par là.

Le fait est que cette nouvelle séduction online, cette nouvelle sentimentalité 2.0 cache un océan de misère affective, amoureuse et sexuelle. Attention : je ne dis pas qu’il le créé. Il existait déjà dans la société; mais il le révèle, le concentre, le cristallise. On voudrait d’un clic soigner les grandes claques de la vie, d’une session de chat découvrir une personne, on veut du fast-sex sans implication mais hyper efficacité. On vise l’absolu en se vautrant dans le commun. « Love your imperfection » qu’ils disent ? Ce qui n’a jamais voulu dire « Boost your imperfection« … ou même « Lie on your perfection« .

L’un de ces sites de dating utilise bien d’ailleurs en marketing le logo du Caddie, pour y ranger des hommes… Attiré par le choix, ne se satisfait-on pas finalement de supermarchés low-cost de l’amour pré-formaté ? Cette semaine, la série télé « Nos chers voisins » sur TF1 se terminait sur cette historiette : M. Lambert, sexagénaire patenté, avait eu un « date » en ligne et questionnait ses voisines sur comment ne pas se louper. Parti de l’idée d’inviter sa belle dans un grand restaurant avec bouquet de fleurs, il finit au téléphone avec elle, en lui demandant si elle a des présos pour se retrouver… de suite chez elle à sa demande ! Chloé la minette blonde de l’immeuble de conclure sans hésiter : « Ben oui, faut vivre avec son époque !« .

[* ajouts de notes et réflexions complémentaires]

Pour prolonger : vous le verrez, les contenus sont pléthores sur le web, dès que l’on tape les mots clés « séductrices » (teurs), prédatrices (teurs), manipulatrices (teurs), etc. Notamment dans les discussions sur les forums. Mais vous pouvez lire aussi « 10 genres de filles à éviter à tout prix » (pour son franc parler détendu et la justesse des profils décrits) et le test « Comment reconnaître un pervers narcissique » (un outil au coeur des profils décrits plus haut).

Une réflexion sur “La Nouvelle Eve (et Adam)… une prédatrice digitale ?

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